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« On n’a pas besoin d’être Greta Thunberg pour s’engager »

Dernière mise à jour : 4 mars 2022


Par Rosiane Mpini Moke, Lauriana Baiet, Kahina Boyé



A 22 ans, Johan Reboul, plus connu sous le nom du “jeune engagé” sur les réseaux sociaux, se fait une place parmi les figures françaises de l’écologie. Portrait d’un jeune engagé souhaitant rendre l’écologie accessible à tous.


Le "Jeune Engagé" faisant la promotion de son guide / Crédit : Johan Reboul


« Il n’y a pas d’âge pour être engagé ! » Johan Reboul a 22 ans et il s’est engagé contre la déforestation, la maltraitance des orangs outans ou encore contre le réchauffement climatique. « Tout ce qui touche à l’écologie me semble important », assure-t-il d’un air détendu. À seulement 16 ans, il s’engage en créant des pétitions sur internet et un blog pour sensibiliser aux causes qui lui tiennent à cœur. Il y regroupe ses nombreux combats pour la sauvegarde de la biodiversité : la déforestation en Indonésie, la fermeture des parcs naturels en Thaïlande, ou encore la construction d’une nouvelle plateforme Amazon dans le village de Fournès dans le Gard. En mars dernier, le jeune brun a publié Le Guide du Jeune Engagé pour encourager les gens de son âge à se lancer, comme lui, dans le combat écologique.



L’écologie 2.0

Pour mener à bien son projet, il tente à travers son compte instagram et son livre, de donner une nouvelle image de l’écologie pour se détacher du cliché “baba cool” qui caractérise ce mouvement depuis des années. « Mon but est de faire prendre conscience que l’écologie touche tout le monde, c’est un sujet mondial, et tout le monde est concerné ». Le mouvement ne doit pas être scindé en deux : « les écolos versus le reste de la population ». Chaque geste compte. Se caractérisant comme un «jeune lambda», il prouve qu’ « on n’a pas besoin d’être Greta Thunberg pour s'engager » et pour agir. Très actif sur Instagram, il n’hésite pas à dialoguer avec ses followers, et à partager toute l'actualité écologique du moment. Mais toujours de façon humoristique ! Il poste des vidéos divertissantes mais toujours axées sur l’écologie. « Je trouvais ça cool de ne pas toujours rabâcher l’écologie comme quelque chose d’ennuyant et moralisateur, qui impose une conduite à tenir. Je voulais montrer un aspect drôle de l’écologie, et ainsi montrer que ça fait partie du quotidien » . Il y reprend les tendances Tiktok tout en abordant les sujets d’actualités qui touchent l’écologie. Par exemple, sur une de ses vidéos postées le mois dernier, il se met en scène dans un supermarché, accompagné de voix off qui l’acclament lorsqu’il refuse de prendre un sac plastique. Ou encore, lorsqu’il répond à un commentaire, assez négatif, qui critique son régime alimentaire. Cette personne le décrit comme «homme soja» , et il y répond avec autodérision, en se déguisant en plante.



Ses débuts

Il s’intéresse à l’écologie à l’âge de 16 ans avec le scandale de l’huile de palme et le #NutellaTueLesOrangsOutans. À ce moment-là, Johan Reboul se définit comme un jeune “lambda”. Il découvre que sa consommation, et plus précisément de Nutella, a un impact direct sur la biodiversité d’un pays. Il se mobilise pour la première fois et publie des pétitions sur la plateforme change.org, visant les entreprises utilisatrices d’huile de palme telles que Ferrero pour Nutella, et Mondelez pour les biscuits Lu. A la suite de ses pétitions, les directeurs de ces entreprises l’ont contacté afin qu’il les retire. Ce qu’il n’a évidemment pas fait. Sarah Durieux, directrice de la plateforme change.org, qu’il rencontre à cette époque, témoigne de l’engagement de Johan : « Il était intéressant parce qu’il était en colère, mais une colère dirigée vers l’action. Il était vraiment très déterminé, très organisé, et il avait une très forte compréhension des enjeux mondiaux » . Un an après sa première pétition, alors que ses combats se multiplient, le jeune «lambda» décide de créer sa plateforme : Le Jeune Engagé.


Malgré la poursuite de ses études en sciences politiques, son engagement n’en est pas moins impacté, au contraire. Son militantisme occupe tout son temps libre. « Le Jeune Engagé me prend beaucoup de temps, mais je ne le considère pas comme un travail. Je fais ça parce que j’aime ce que je fais ». Il se découvre une réelle passion à sensibiliser les gens, à échanger avec eux, et à les encourager à se mobiliser pour des causes qui leur tiennent à cœur.


Parallèlement, il se fait repérer par de grands médias comme Canal+, BFM ou encore France Inter, dans lesquels il donne des interviews. À 18 ans, ayant gagné en visibilité, il devient ambassadeur citoyen lors de la campagne présidentielle de 2017. Il y présente ses pétitions aux candidats à la présidence, mais n’a reçu aucune signature car elles ciblaient un large public, et non les politiciens en particulier. « Même si mes pétitions n’ont pas été signées, j’attendais plus de soutien de la part des politiques ». Il a été témoin du comportement négligent des politiques, qui n’ont pas agi comme il le souhaitait.


L’engagement de Johan dans les associations ne s’arrête pas là puisque l’année dernière, en 2020, il rejoint l'association Septième Continent, qui lutte contre la pollution plastique en mer. Il se retrouve animateur pour enseigner aux enfants l’impact de la pollution plastique dans les océans.




Un guide intuitif pour la nouvelle génération

Récemment, afin de sensibiliser encore plus les jeunes générations, il décide de publier un guide qui regroupe tous ses conseils, afin d’améliorer leur mode de vie. La «fast fashion», la pollution des banques ou d’internet, mais aussi les voyages interfrontaliers, tout y passe. Interviennent également des figures françaises engagées dans différents domaines de l’écologie comme Pierrick Libossart, créateur d’Hopaal qui est une marque de mode éthique, Paul François, un agriculteur connu pour son combat contre Monsanto (entreprise produisant des pesticides), ou encore Marie-France Bernard, une scientifique spécialisée dans le monde marin avec qui il a déjà travaillé lors de l’expédition Septième Continent. Tout sourire, il ajoute : « ces rencontres m’ont permises de m’enrichir personnellement, et j’en ai appris davantage sur les différents combats que représentent l’écologie. »


Il donne aussi des conseils : adopter une alimentation végétale, en finir avec le plastique, réinventer la mode, rendre son habitat durable, lâcher un peu internet, bien choisir sa banque, voyager durablement. Ces conseils «clés», selon lui, permettraient d’améliorer la vie quotidienne. Il avoue que certains sont difficiles à appliquer. Comme le fait de couper internet, surtout en ce moment avec la pandémie. « Je diffuse beaucoup d’informations sur les réseaux sociaux, je suis très souvent dessus, et très souvent sur mon téléphone, donc je suis loin d’être parfait », avoue-t-il d’un air un peu gêné.


Le livre s’adresse à toutes les générations. Rafaël est un étudiant de 17 ans : « pendant mon temps libre je joue à des jeux en ligne, j’y passe des heures. En lisant le passage du livre sur internet, j’ai réalisé l’impact que ça avait sur la planète ». Quant à Nathalie, 54 ans et mère de famille, elle explique : « En lisant le livre, je me suis rendu compte, à travers les différentes personnes, que l’écologie touchait tous les secteurs qui nous entourent. Et ça m’a fait prendre conscience que ce n’était pas forcément que manger bio et faire son tri sélectif. »


Un espoir pour l’avenir

« Je pense que ma génération est assez impliquée”, affirme Johan, positif. « On dit souvent que les jeunes sont flemmards et qu’ils ne font rien. Ce n’est pas vrai et c’est sous-estimé le pouvoir que l’on a. On l’a vu avec les marches pour le climat, ça a fait trembler les gouvernements. » Il sait toutefois sa génération influençable. « On le voit avec les influenceurs sur les réseaux sociaux qui te vendent tout et n’importe quoi. Ou encore les marques qui vendent des t-shirts à logo à des centaines d’euros. On est visé par cette société et on peut très facilement tomber dedans ». Lui voudrait que ces nouveaux influenceurs se conscientisent et s’engagent eux aussi. De la même manière, il dénonce les marques qui usent du greenwashing. « Ils vont utiliser le mot “green” dans leurs produits pour être plus écolos. Plus la protection de l’environnement va être mise en avant, plus il faudra faire attention à ce que cette image ne soit pas utilisée pour continuer à vendre », assure-t-il, très agacé par cette situation.



Dans son livre, à la fin de ses interviews, il a souvent posé la question suivante : « comment vois-tu la planète en 2050 ? ». Mais lui, comment la voit-il ? Très perturbé par cette question, le grand brun n’en perd pas son optimisme : « Je reste positif ! Et comme je le dis, ce livre veut être positif. Je vois un monde positif aussi en 2050, où on aura vraiment pris ce virage écologique, où on arrivera à mieux vivre avec le vivant. C’est ce que je souhaite au plus profond de moi ».




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