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Brandy Boloko, jeune politique libérateur de parole dans les quartiers populaires


Par Hugo Da Rocha, Reine-Victoire Ebongué, Céline Fortes



Brandy Boloko est un jeune homme déterminé et engagé. De Gennevilliers à Sarcelles, il dénonce le manque de politisation dans les quartiers et raconte son parcours dans la politique dédié à porter la voix des jeunes.


Visuel Team ZEP / Crédit: photo Brandy Boloko

« Moi je me bats pour que tout le monde ait les mêmes opportunités. », Brandy Boloko, jeune homme en costume cravate et au sourire communicatif, se bat pour valoriser la parole des jeunes de banlieues afin qu’ils prennent leur place dans la société. Militant dans l’association Ghett’Up, qui s’attèle à créer des connexions entre les auto-entrepreneurs de quartiers, Brandy Boloko a également participé à la fondation en 2018 de l’association Cité des Chances. L’association intervient dans les lycées pour promouvoir l’engagement citoyen chez les jeunes des quartiers populaires. « Dans ma société idéale, quel que soit ton âge, que tu sois une femme, un homme, noir ou blanc, n’aurait aucune incidence et les gens se concentreraient uniquement sur les programmes et sur la vision de la personne ». Tout un programme pour celui qui est devenu conseiller municipal de la ville de Louvres, dans le Val d’Oise (95), en 2020. Avec ce pas dans le monde politique, le jeune engagé tente de briser les inégalités dans sa ville. Autant de barrières qu’il a eu à franchir. Son objectif : redonner confiance aux quartiers, comme on lui a donné confiance en lui.




S’engager pour la jeunesse

Ateliers d’éloquence, simulations parlementaires, visites d’institutions, familiarisation avec les lieux de pouvoirs… Autant d’activités organisées par l’association Cité des chances, qu’il a co-fondée en 2018. Son idée : enseigner davantage la culture politique, pour que les jeunes s’approprient et participent au débat public. « J’estime que le moment où j’ai vraiment commencé à faire de la politique c’est quand j’ai créé mon association. », Brandy a pour volonté de donner la parole aux jeunes qui ne l’ont pas et qui ne s’expriment pas, afin qu’il y ait une « réelle égalité des chances ». Une action menée dans différentes villes d’Ile-de-France, région dans laquelle le jeune homme a grandi et vu naître son engagement.


Ses premiers pas en politique, Brandy les fait pendant ses études. C’est lors de sa première année de DUT gestion d’entreprises et d’administrations, et notamment durant un discours pour l’élection de délégués, que les camarades de Brandy prennent conscience de son réel potentiel. Des encouragements qui vont, par la suite, le pousser à se présenter au conseil d’administration de son établissement comme représentant des élèves. « Moi, toute nouvelle aventure je la prends ! Même si je ne sais pas où ça va me mener ». Une décision qu’il ne regrettera pas car, à la suite de sa campagne, Brandy remporte les élections étudiantes. Une première victoire qui lui donnera des idées pour la suite : « Plus le temps passe, plus je prends confiance dans le fait que quand je parle on m’écoute ». Élu, il se fait remarquer par sa directrice, impressionnée par son éloquence. Elle lui soumet l’idée de s’orienter dans la politique. « J’ai la conviction que lorsque beaucoup de gens voient quelque chose en toi, c’est qu’il y a effectivement quelque chose », déclare-t-il avant d’ajouter : « C’est comme quand tu as un bouton sur le front ! Tu ne le vois pas, mais tout le monde le voit. Et tout le monde voyait ce bouton-là en moi. J’étais le seul à ne pas le voir. Je le refusais et je le fuyais ».




« Je suis entré dans la politique un peu par hasard »

C’est durant les élections présidentielles, cette même année 2017, que Brandy commence à s’intéresser à la politique. À la suite de son stage à la maison de l’emploi de Louvres, il prend conscience des nombreux problèmes et inégalités présents dans sa ville. « Je me suis dit, c’est ça que je veux faire : régler le problème des gens. », confie-t-il. Dans la foulée, il se ré-oriente et intègre l’HEIP (Ecole des Hautes Etudes Internationales et Politiques) où il étudie les relations internationales et les idéologies en sciences politiques. « Ce sont toutes ces expériences qui ont participé à ma prise de conscience et à ma prise de confiance en moi. »


En 2020, Brandy se lance le défi de se présenter comme candidat à la mairie de Louvres, à la tête de la liste LOUVRES DEMAIN - L’UNION CITOYENNE, défendant « la démocratie participative et le social sous différentes formes ». Le jeune homme compte alors sur le soutien de ceux qui ne se reconnaissent pas dans les actions des dernières représentations municipales. « Pour ma campagne municipale, je n’ai pas réfléchi à toutes les difficultés, je me suis juste dit “vas-y, fais-le” ». Étant jeune et noir, sa participation à la campagne a alors fait réagir. Beaucoup lui ont très vite fait comprendre qu’il était trop jeune, n’avait ni l'expérience, ni les compétences pour se présenter aux élections. Mais, ambitieux et engagé, Brandy ne se laisse pas déstabiliser : « Même si quelqu’un veut faire de tes caractéristiques une faiblesse, tu dois l’utiliser comme une force ».




« Moi je n’ai pas vécu dans une famille où ça parle de politique à table »

Brandy grandit entre Gennevilliers et Sarcelles, joue au foot et aux jeux vidéo, comme tous ses amis. « Je n’avais pas beaucoup d’ambitions ». Il se rêve footballeur professionnel. Quant à la politique, il y a pour lui deux camps : les gentils des partis de gauche et les méchants des partis de droite. « La politique était pour moi un monde de voyous et de scandales, je voulais vivre en paix ». Né dans une famille de parents congolais, ça ne débattait pas à table. Les parents ne connaissent pas bien les personnalités politiques françaises. « Mon but dans la vie c’est de faire en sorte de changer les mentalités ».




Ses projets personnels et professionnels

Aujourd’hui, Brandy occupe un rôle de « vision » dans son association. Il fait souvent référence à sa stratégie d’ici 2030 d’élargir son projet dans tous les lycées de France, en métropole comme dans les DROM. Accompagné par une soixantaine de jeunes installés dans six antennes en Ile-de-France, il souhaite développer Cité Des Chances, malgré la présence d’une pandémie qui freine énormément son activité.


Brandy Boloko constate qu’il y a deux problèmes majeurs dans la société actuelle. Tout d’abord celui de la structure de l’État « qui fait en sorte qu’il y ait un entre soi ». Selon lui, ce sont toujours les mêmes personnes qui accèdent à des fonctions politiques et publiques importantes. Le deuxième problème est celui de la mentalité des personnes. « Il y a beaucoup trop de gens qui ne se sentent pas légitimes ou pas capables de parler et d’avoir des fonctions politiques et publiques », déclare-t-il avant d’enchaîner sur son objectif de « libérer la parole et faire en sorte qu’elle soit entendue » pour changer les mentalités et pour que chacun puisse croire en ses capacités. C’est avec cette conviction que Brandy Boloko souhaite à sa manière « changer le Monde ».



Crédit: Capture Zoom

« Spontané, ambitieux et fou.» C’est sur ces trois mots qui le caractérisent que l’interview prend fin. « Je pense que si on veut faire de grandes choses il faut faire taire sa raison parfois, et ne pas avoir peur de se tromper ou de se ridiculiser. »

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