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Les influenceurs : combattants de la toile

Par Kahina Boyé, Julien Renard, Joy Clairvoyant, Marie Sarr, Emeline Robin, Mélanie Cot


Jeremstar, Marion Séclin et Sindy, trois influenceurs français victimes de cyberharcèlement, ont décidé de dénoncer la violence à laquelle est exposée, chaque jour, un grand nombre de personnes.


Crédits : @sindyoff (instagram), @jeremstar (instagram), @marionseclin (instagram)


Internet fait aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien, pour le meilleur, comme pour le pire. Avec son développement, un nouveau type de harcèlement est apparu : le cyberharcèlement. Cet « acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée » ne fait aucune sélection et personne n’est à l’abri de se réveiller en tant que nouveau souffre-douleur des internautes. Les principales cibles de ce type de violence 2.0 sont les personnalités publiques, et, contrairement à ce que beaucoup semblent penser, elles sont tout aussi susceptibles d’être affectées par ces attaques incessantes. Jeremstar, Marion Séclin et Sindy ont décidé de ne pas se laisser faire et de lutter, à leur échelle, contre ce phénomène.




"Tout ce qui se passe en ligne, se passe dans la vraie vie" (TEDX Marion Séclin)

Ces trois influenceurs que tout oppose, et qui pourtant ont un point commun, ont été victimes de cyberharcèlement et luttent activement contre ce fléau depuis.

Jeremstar est connu pour ses interviews télé-réalité et son attitude provocante. Marion Séclin, quant à elle, est une des premières youtubeuses ouvertement féministes. Leur personnage ne faisait pas l’unanimité. La haine sur les réseaux sociaux a pris une telle ampleur que la violence était quotidienne pour eux. Marion Séclin, avec beaucoup d’humour, s'auto-proclame “championne de France du cyberharcèlement” lors de son passage aux conférences TEDX. Elle déclare également qu’elle a reçu “plus de 40 000 messages menaçants, insultants et violents, en un an, ce qui est un record en France”. Jeremstar, lui, a vécu en 2017 un véritable déferlement de haine, appelé le “Jeremstargate”, suite à une histoire liant pédophilie et chantage affectif, qui a mené à son arrêt des réseaux sociaux pendant plus de six mois. "Je me levais le matin et il y avait des unes de journaux où il y avait ma tête avec marqué : “Jeremstar au coeur d’un réseau pédophile et de prostitution” alors qu’il n’y a jamais rien eu", affirme-t-il, en larmes, dans l’émission “Les Terriens du Dimanche” en avril 2019.

Le cas de l’influenceuse Sindy est lui plus récent. “Tout ce qu’on me reproche c’est d’être une femme libre qui ne lâchera pas ses idées”, dit-elle dans une de ses dernières vidéos. C’est à la suite d’une de ses vidéos, où elle confie avoir été victime de viol dans son enfance, que la violence sur les réseaux sociaux s’est amplifiée. Ce harcèlement qu’elle subit depuis quelques années déjà n’a fait qu’accroitre, puisqu’après avoir publié cette vidéo elle a reçu de nombreuses menaces de viol sur les réseaux sociaux, accompagnées de photos non-désirées à caractère sexuel. Il y a de cela quelques semaines, des individus se sont introduits chez la jeune femme et l’ont ensuite gazée dans son sommeil.




Les victimes de cyberharcèlement aux pieds du mur

Jeremstar décide, suite aux attaques d’un journaliste sur sa vie privée et sa carrière, de faire confiance à la justice pour mettre fin au cyberharcèlement qu’il subit. Une décision qu’il ne viendra pas à regretter puisqu’il ressort du procès innocenté : "Il a fallu que je me batte pour ne pas sombrer. Ces trois ans et demi auront été les plus longs de ma vie", a-t-il expliqué en juin dans un communiqué pour Télé-Loisirs.

Cependant, lors de son dépôt de plainte, Jeremstar s’est retrouvé face à un service policier qui n’était pas formé. Ils ne savaient pas ce qu’était une "story” Snapchat et comment fonctionnaient les réseaux sociaux. Ils ont minimisé l’impact que peut avoir le cyberharcèlement dans la vie “réelle”. Lors d’une de ses interviews pour Brut, Marion Séclin précise que "la loi n’est pas faite pour aider les femmes qui se font harceler dans la rue alors forcément sur internet c’est encore plus difficile". Elle a donc décidé de s’adresser aux réseaux sociaux directement, afin que les comptes soient supprimés, ou au moins les messages. Elle a donc contacté Twitter et Facebook, qui sont des modérateurs, sauf que leur réponse n’a pas été celle qu’elle attendait : "nous ne sommes pas des modérateurs, nous sommes des diffuseurs et nous ne pouvons rien faire".

L’influenceuse Sindy, après avoir subi son agression, a porté plainte mais c’est sur les réseaux qu’elle a reçu le plus de soutien ainsi qu’une réponse du gouvernement. Son agresseur a été identifié puis mis en garde à vue. Il encourt huit mois de prison ferme.

Afin que son dossier soit pris au sérieux, Sindy doit garder tous les messages et toutes les photos qu’elle reçoit. Un de ces fameux messages lui a d’ailleurs provoqué une crise d’angoisse. Lorsqu’elle a appelé le SAMU, on lui a répondu qu’il lui suffisait de ne pas lire ces messages.




Les armes des influenceurs face à leur condamnation "par le tribunal des réseaux sociaux" (Jeremstar)

Au pied du mur, après avoir été victimes d’un virulent cyberharcèlement, ces influenceurs n’ont eu d’autre choix que de se relever et de garder la tête haute. Jeremstar, de son côté, se retire des réseaux sociaux pendant une courte période et écrit alors un livre, La Vérité, Toute la Vérité, qui témoigne de son passé et s’impose comme protecteur des victimes des dangers numériques, avec notamment la création d’une plateforme de lutte contre les harcèlements scolaires et numériques, harcelement.online, avec un forum d’entraide collective.

"Je me suis demandée quelles étaient mes armes pour lutter : et j’ai compris que l’arme, c’était moi", écrit Marion Séclin dans un post Instagram. C’est une attitude qu’elle applique alors dans ses vidéos YouTube, plus particulièrement dans une vidéo où elle répond au cyberharcèlement de façon humoristique. Elle incite les gens à laisser des messages, positifs ou négatifs, mais toujours constructifs, afin de noyer les messages de haine dans des messages plus accueillants et donc de minimiser leur impact sur autrui. Marion fait aussi partie du mouvement “Ensemble sur Internet” qui lutte contre le harcèlement pendant le confinement.

Sindy, elle aussi, se démène pour brandir les armes contre les menaces qu’elle reçoit, trop souvent. Elle se sert de sa chaîne YouTube pour expliquer ce qui lui est arrivé et demander aux français de ne plus se laisser faire et inciter à la réaction en lançant le hashtag #cybersindy qui devient très vite Top Tweet sur Twitter. De nombreuses femmes ont réagi avec ce hashtag et ont raconté leur propre histoire, grâce à Sindy qui a entraîné une vague de sensibilisation et de dénonciation. Elle travaille aussi activement avec l’association “Nous Toutes”, collectif féministe qui veut mettre un terme aux violences sexistes et sexuelles dont les femmes et les enfants sont massivement victimes en France, notamment en participant à l’organisation d’une marche à Paris, le 20 novembre prochain.

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