« On m'a donné ma chance au cinéma »
- figurescergy
- 21 mai 2021
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 mai 2021
Par Mélanie Cot, Anaïs Soumaïla, Anaïs Bouzidi
Liam Pierron, Inès D'Assomption et Hakou Benosmane font partie de ces acteurs issus de banlieues parisiennes qui ont fait sensation dans le monde du cinéma. Ces jeunes talents s'expriment sur leur parcours.
Liam Pierron
En 2019, Liam Pierron, 16 ans, est en décrochage scolaire. « Je suis allé en filière professionnelle car je voulais faire de l’informatique. Mais je crois que l’école, ce n’était pas fait pour moi ». En message audio, l’acteur de La Vie Scolaire, film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir sorti la même année, raconte ses années de flou avant de trouver sa voie. Rien ne semblait l’intéresser vraiment, jusqu’à un casting, le film de sa vie et les 1 808 920 entrées au box office qui ont suivi. « Le cinéma ne m'intéressait pas du tout, ça m’est tombé dessus par hasard en accompagnant mon ami à un casting puis Grand Corps Malade et Mehdi Idir m’ont donné ma chance ». Lorsqu’il donne la réplique à son ami, toujours par hasard, il se fait remarquer par les deux réalisateurs.
Grand Corps Malade et Mehdi Idir lui donnent le rôle de Yanis. Un adolescent distrait, dont le père est en prison, qui se voit intégrer la classe SEGPA de son établissement. Sans réels repères, il rêve d’autres horizons. « Ce premier rôle s’est très bien déroulé, Grand Corps Malade et Mehdi Idir ont été très protecteurs avec moi, ça reste à ce jour la meilleure expérience de ma vie ». Et l’expérience va même plus loin, puisque le jeune homme originaire de Courbevoie, alors âgé de 17 ans, est nommé dans la catégorie Meilleur Espoir Masculin aux Césars en 2020. Il dispute la place avec Alexis Manenti, Anthony Bajon, Benjamin Lesieur et Djebril Zonga.
Durant tout ce temps, le jeune homme, toujours mineur, est soutenu par sa famille. « Tout mon entourage m’a soutenu sur cette voie étant donné que c’était la seule chose qui s’offrait à moi à ce moment-là ». « Forcément mon quotidien a changé, je fais beaucoup de choses que je n’avais jamais faites auparavant au niveau du monde du travail et du cinéma en l'occurrence, mais ma vie personnelle reste quand même un peu la même ». Il garde malgré tout les mêmes habitudes qu’un adolescent de son âge. « Selon moi, venir de banlieue ne peut être qu’une force et non un frein. Penser le contraire reviendrait pour moi à donner raison à ceux qui dénigrent nos banlieues, que ça soit dans le cinéma ou autre. »
Le Cinéma continue d’intéresser Liam et il compte bien en faire son métier. On le retrouve en ce moment sur CANAL+ Family, tous les jours à 20h45, entouré des autres acteurs de La Vie scolaire, dans la série éducative À nous l’histoire, où il explique des faits historiques aux jeunes générations.
Il confie toutefois qu’il est compliqué d’obtenir un deuxième premier rôle après La Vie scolaire: « Cette expérience m’a ouvert des portes dans le monde du cinéma mais ça reste toujours un métier très compliqué, obtenir un rôle ce n’est pas vraiment facile même après avoir joué dans un film qui a assez bien marché ».
Inès D’assomption
« Ma notoriété ne m’a pas changée, je suis restée la même depuis que j’ai commencé le cinéma », rit Inès d’Assomption, à peine 19 ans et déjà premier rôle au cinéma. Cet été, elle était à l’affiche de T’as pécho, la comédie de Adeline Picault qui a dépassé les 110.000 entrées aux box office la première semaine. Une embellie durant cet été de pandémie, qui a changé la vie de la jeune actrice.
Inès a dû passer trois auditions pour le film avant de décrocher le rôle. Dans cette comédie, la jeune actrice joue le rôle de Ouassima, une adolescente de 15 ans très populaire à l’école, qui accepte de donner des cours de drague à quatre garçons qui veulent devenir « cool ». Elle partage notamment l’écran avec Ramzy. « C’était vraiment impressionnant de jouer avec une célébrité connue et aussi un peu intimidant, mais c’était très cool ».
Mais elle n’est pas arrivée dans le milieu du cinéma par hasard. Son père a toujours adoré regarder des films. Il a partagé avec elle son amour pour le cinéma, ce qui l'a amenée à vouloir devenir actrice à l’âge de seulement 13 ans, âge auquel elle a commencé les castings. « Je voulais vraiment jouer dans un film, être à l’écran pour interpréter des rôles », explique-t-elle. C’est en 2015 qu’Inès a décroché son premier rôle dans un court-métrage appelé Une vie ordinaire. Mais trouver ce premier rôle n’a pas été tâche facile. A l’époque, Inès n’avait pas d’agent et devait donc rechercher elle-même les castings, ce qu’elle faisait grâce à des sites internet. Elle a reçu de nombreux refus avant de décrocher son premier rôle mais elle n’a pas baissé les bras pour autant.
La jeune fille, à moitié Guadeloupéenne, à moitié Tunisienne, explique que le fait de venir de banlieue n’a pas été un handicap pour elle. En revanche, sa couleur de peau a parfois été un frein. « La plupart des castings que je trouvais recherchaient des jeunes filles de type caucasien ». Bien que ses débuts n’aient pas été faciles, son rôle dans le film T’as pécho? va probablement lui ouvrir des portes. « Je pense que ça a déclenché quelque chose et que ça va venir petit à petit », explique-t-elle. De plus, la jeune actrice fait dorénavant partie d’une grande agence qui lui permet de recevoir beaucoup d'offres de castings. Depuis le film sorti en 2020, Inès est apparue dans un épisode de la série La flamme.
Actuellement en licence d’art, Inès a l’intention de continuer de jouer dans des films en même temps que ses études. Plus tard, elle aimerait faire une carrière dans le cinéma mais si elle n’y arrive pas elle aimerait se tourner vers sa deuxième passion, l’art.
Hakou Benosmane
« Mauvaise herbe m'a vraiment mis un pied dans le monde du cinéma. Avant première, interview, plateau télé,... Tout ça était nouveau pour moi ». Hakou Benosmane, 21 ans, a été recruté pour jouer dans le film Mauvaise Herbe, réalisé par Kheiron en 2018, qui compte plus de 400 000 entrées au box office. Cette comédie raconte le parcours d’un rescapé de la vie qui saisit la chance qui lui est donnée pour sauver une bande d’adolescents. Hakou Benosman interprète Karim, un adolescent qui vit dans un foyer et qui dénonce le système auquel il appartient.
En 2018, son agent artistique, Stéphane Maître, va le convaincre de faire ses preuves devant le réalisateur que le rôle de Karim était fait pour lui. Le soir même du casting, Kheiron lui annonce qu’il est pris ! L'acteur décrit cette expérience comme « exceptionnelle ». Il enchaîne rapidement le tournage de Mon frère, de Julien Abraham, sorti en 2019, avec la participation du rappeur MHD. En 2020, c’est au tour du célèbre Cédric Klapisch, déjà réalisateur de L’Auberge espagnole et de Casse-tête chinois, qui l’embauche pour jouer dans Deux moi. Le film raconte l'histoire de deux individus, Remy et Mélanie qui sans le savoir vont emprunter deux routes complètement différentes mais qui les mèneront dans une même direction.
Hakou Benosmane est spontané, bienveillant, mais surtout ambitieux. Né à Beaumont-sur-Oise, dans le Val d’Oise, il explique qu'être issu de banlieue doit servir de moteur pour avancer et non être un frein. « Il faut casser ce frein ». Grand sériephile, il voudrait continuer de se placer devant la caméra. « Le cinéma est rentré dans mon cœur avec le temps ». Hakou sait aussi qu’il peut compter sur ses proches pour l'encourager à grimper les échelons. « Le cinéma n’est pas un métier connu de mon entourage à la base, mais depuis, mes proches m’encouragent tous à réussir », explique-t-il.
Actuellement, il mène plusieurs projets artistiques. « Je prépare mon court métrage et je continue à passer des castings pour continuer sur ce chemin. Je me suis lancé un peu dans la photo aussi », conclut l'acteur.
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